Roger JOUVE
Santonnier créateur
" Je suis né à Aix-en-Provence en 1932, et à l'âge de huit ans je modelais déjà les accessoires de ma crèche : puits, pont, moulin et autre ... Ce premier contact avec l'argile m'a poussé à m'inscrire aux "cours du soir" des Beaux-Arts à Aix où, en 1943, après un an de travail, j'ai obtenu mon diplôme de modelage. Une véritable passion m'animait et je voulais à tout prix créer de mes mains tout ce petit monde de santons.
C'est alors que j'ai eu la chance de rencontrer celui qui allait être et rester mon maître : Joseph Colombini. Sculpteur, créateur, ciseleur, modeleur et peintre, il avait son atelier au chemin Robert ; c'est là que tout me fut révéler. J'ai appris à faire les moules, à les utiliser, à assembler les sujets composés et surtout à soigner les finitions, si importantes dans notre métier. Outre l'art de décorer et cuire la terre, Joseph Colombini m'a initié à la peinture et, un jour, il m'a donné sa palette. C'est dire assez tout ce que je lui dois, en plus des merveilleux souvenirs que j'ai gardé de mes vacances scolaires et de mes jeudis passés chez lui.
A douze ans, je faisais mes premiers moules, à quatorze, je vendais mes premiers petits personnages, toujours à Aix. A partir de là, tout s'est développé très vite : une ardeur et même une certaine facilité à modeler, à fabriquer, à créer. Et c'est à ce moment-là que j'ai quitté l'école pour devenir apprenti ébéniste dans un atelier aixois.
En 1948, j'avais donc seize ans, j'ai participé à ma première exposition officielle au musée du Vieil-Aix. Marcel Provence cite, dans son compte-rendu pour un journal local, mon nom et me désigne comme "le plus jeune santonnier" aux côtés de confrères d'Aix, d'Aubagne et de Marseille.
En 1951, ayant délaissé l'ébénisterie, je suis entré comme ouvrier spécialisé chez un santonnier aixois. J'y suis resté deux ans, jusqu'à mon départ sous les drapeaux. De retour de l'armée, je me suis établi comme santonnier-créateur, inscrit au registre des métiers en 1955 et depuis je n'ai pas varié ni regretté de l'avoir fait.
Ce métier m'a procuré de grandes joies, et si j'ai eu quelques belles réussites, je le dois à mon épouse qui m'a toujours soutenu et aidé moralement et manuellement.
En 1965, lors de l'exposition nationale du travail à Paris, j'ai obtenu la médaille d'argent.
En 1968, au même concours, j'ai obtenu le titre "d'un des Meilleurs Ouvriers de France - Médaille d'Or" pour les santons en terre cuite. En 1972, toujours dans le même concours, j'ai eu mon deuxième titre "d'un des Meilleurs Ouvriers de France - Médaille d'Or", mais pour les santons habillés cette fois. La même année, on me décorait de la Fourragère des Meilleurs Ouvriers de France, décernée par le Ministre de l'Education Nationale.
J'ai été honoré de bien d'autres récompenses, médailles ou diplômes, et si je peux dire que ma vie professionnelle a été comblée, je n'ai pas cessé pour autant de créer, de modeler ou de peindre ... C'est une passion".
En 1990, mon gendre, Quilez Didier, et en 2003 mon petit-fils Quilez Julien, ont rejoint ma passion en créant leur propre collection. Julien QUILEZ est donc la troisième génération de santonnier à perpétuer la tradition des santons de Provence.
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